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La LEGENDE DE LA RAVIOLE


Il n’était pas rare, en ce XVIè siècle, de croiser dans les forêts du Vercors des bucherons et des charbonniers à l’accent particulièrement chantant.
Marsilio et son jeune frère Leandro travaillaient dans le Dauphiné depuis déjà plusieurs mois. Comme de nombreux autres  « cueilleurs d’arbres » italiens, ils n’avaient pas hésiter à traverser la frontière alpine au printemps pour faire la saison en France. Ils ne repartiraient qu’avec l’arrivée des premières neiges, leur modeste pécule en poche.  
Marsilio avait déjà passé plusieurs saisons dans ces montagnes, mais c’était la première fois pour Leandro. La première fois qu’il s’éloignait si longtemps de sa vallée et de sa famille. Mais aussi la première fois qu’il travaillait aussi dur, chaque jour, depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil. Et Marsilio s’inquiétait. Il voyait son jeune frère dépérir sous l’effort. Le jeune homme, habituellement si vif, faisait à présent grise mine. Le soir venu, lorsqu’ils rejoignaient leur petite baraque  coincée dans les arvres, Leandro arrivait à peine à manger tellement il était épuisé. Souvent, Marsilio pensait aux bons raviolis à la viande de la Mama. Si seulement il avait pu en cuisiner à son cadet pour lui remonter le moral ! Avant leur départ, Mama leur avait justement livré les secrets de fabrication de ses fameux raviolis pour qu’ils puissent s’en préparer dans les forêts dauphinoises. Mais ici, il n’existait pas de semoule de blé dur comme au pays. Seuls les blés tendres poussaient dans les régions du bas Dauphiné. Et si Leandro et Marsilio arrivait à se procurer du fromage et des oeufs avec leur petit pécule, il n’avait absolument pas les moyens d’acheter de la viande.
Un soir d’été, en voyant son jeune frère croquer péniblement dans sa tranche de pain surmontée d’un bout de fromage frais, Marsilio eut subitement une idée. Pourquoi ne fabriquerait-il pas une nouvelle sorte de raviolis à partir de cette farine de blé tendre avec laquelle on faisait le pain ?
Le lendemain, sans rien dire à Leandro, il se procura un petit peu de farine et des oeufs, ramassa quelques brins de persil et préleva de l’eau à la source. Le soir venu, après sa journée de travail harassante et alors que son frère dormait, il s’installa devant la cabane.

A la lumière de la lune, il pétrit la farine avec l’eau et les oeufs, étala la pâte aussi fin que possible, mélangea le fromage frais avec le persil, façonna de tout petits ravioli, les découpa du bout de son couteau en faisant des petites dents comme il avait vu si souvent faire sa mère, puis les cuit dans une marmite d’eau posée sur le feu.Et peu avant le lever du soleil, il réveilla Leandro et lui tendit une assiette de ses petits raviolis. Le bonheur de son jeune frère et le plaisir de déguster un plat qui lui rappelait tant son pays, lui fit rapidement oublié les heures manquées de sommeil. Ca n’était pas aussi goutu que les raviolis de la Mama, mais c’était tout de même rudement bon ! Les deux frères firent connaitre peu à peu leur trouvaille à leurs compatriotes. Et la recette de ce petit raviolo au fromage se transmit de bosquets en bosquets, durant des décennies et des décennies, jusque dans la cabane d’Antonio et de sa femme Regina.
En dégustant pour la première fois ce petit raviolo au blé tendre, Regina le trouva un peu fade. Mais elle pensa aussitôt  à ce délicieux fromage à pâte dur, le comté ! Dès le lendemain, elle concocta pour Antonio les fameux petits ravioli en ajoutant du comté à la farce. A n’en pas douter, Antonio fut un homme comblé. La raviole, telle que nous la connaissons, était née !




 

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« Comment le savons-nous ? » vous demandez- vous sûrement! Alors même que l’histoire de ces travailleurs invisibles, disséminés au milieu des futaies, nous est si mal connue…Et bien, nous devons vous avouer qu’ ils ne s’appelaient peut-être pas Marsilio et Leandro, qu’ils n’étaient peut-être pas deux, mais quatre, qu’il n’étaient peut-être même pas frères et qu’elle s’appelait peut-être plus Augustine que Regina, mais ce qui est bien sûr, c’est que grâce aux bucherons et charbonniers italiens puis à leurs femmes, la raviole est entrée dans la légende !

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Depuis l'arrivée des bucherons italiens, l'histoire de la raviole a connu de multiples rebondissements.

Découvrez date par date, l'histoire de ce petit ravioli au fromage du XVIème siècle jusqu'à nos jours.

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